Patrick Dacquay : l’histoire d’un chaman blanc

 

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Ce qui plaît chez Patrick Dacquay, c’est sa franche bonhommie, son humour, son énergie communicative. Cet homme là enchante, normal pour un enchanteur. Oui, Patrick Dacquay est un enchanteur, un deo celte, un chaman blanc. On sait de lui aujourd’hui qu’il est breton, guérisseur mais aussi écrivain et surtout créateur du Festival International du Chamanisme en France. Il vit avec ferveur sa mission : mettre à l’honneur et protéger les traditions ancestrales du monde entier. Pour cela, il a créé un cercle de sagesse qui ne cesse de grandir et qu’il s’emploie à faire tourner rond. Mais que sait-on du chemin parcouru pour en arriver là ? Que furent les voyages et les épreuves initiatiques de celui qu’on appelle Soof Ta « Celui qui connait et mange la terre » ? C’est ce que je vous raconte à travers le portrait passionnant d’un  homme pas tout à fait ordinaire…

Une enfance solitaire et spirituelle

Né en 1951, l’enfant qu’il est ne connait pas la maternelle. Il entre à l’école élémentaire vers six ans. Avant cela, il passe beaucoup de temps seul au contact de la nature grâce à la complicité d’un partenaire inattendu. L’anecdote est délicieuse : « mes parents ne voulaient pas que je sorte du terrain de la maison. Mais notre chien creusait des trous, passait sous le grillage, m’attendait de l’autre côté et m’emmenait avec lui dans les bois. » Là-bas, le jeune garçon découvre un univers qui lui parait naturel. Les arbres et les roches sont vivants. Chaque lieu a  sa vie interne. Il fait bon aller ici mais pas là-bas. « Je percevais des entités, des énergies bénéfiques ou négatives, je le sentais très bien » dit-il. Au bord des sources, vivent celles qu’il appelle alors « les fées de l’eau », sans savoir encore qui elles sont. Lorsqu’il prend sa place parmi les autres enfants, il devine que le monde qu’il perçoit est singulier et invisible à la plupart. Il n’en parle à personne, sauf une fois. En vacances dans la famille, le petit garçon prend la main de son oncle et l’emmène faire le tour du domaine, lui confiant ses ressentis sur tel et tel endroit, le mettant en garde parfois. Sa vision sera écoutée et reçue avec respect. Pour autant, il taira aux autres ses capacités extrasensorielles. Très terrien, très ancré, il s’adapte vite aux autres et trouve aisément ses marques à l’école et dans les relations sociales. Néanmoins, attiré par la spiritualité, il se tourne rapidement vers le curé du village, appelé le recteur en Bretagne. L’abbé Lecoeur fut le premier initiateur de Patrick. L’homme est atypique et passionnant. Cette rencontre l’inspire. Il décide d’embrasser la vie de prêtre. La profession de foi succède à la première communion. A l’âge de 14 ans, lors de « la Persévérance » comme on l’appelle alors à l’époque, l’adolescent pose une question afin de nourrir sa curiosité débordante. La réponse, faible, décevante, aberrante, suffira à faire renoncer le jeune garçon à sa première vocation et signera son détachement définitif à l’église.

Premières initiations chamaniques en Afrique

La première initiation se révèle tout à fait fortuite. Dans le cadre de son service militaire, Patrick Dacquay part à Madagascar. Alors qu’il anime un camp de vacances pour des enfants d’officiers dans un village traditionnel, il bouscule un nid de fourmis volantes dans la forêt vierge avoisinante. Les insectes l’attaquent, la douleur est intense. Il court jusqu’au village chez celle qu’on appelle Mama Coco. On dit qu’elle a le pouvoir de guérir grâce à ses huiles. Il ne sait pas alors qu’elle est la chamane des villageois. Elle le soulage instantanément et le guérit. Mais plus que ça, Mama Coco a vu en lui le chamane qui sommeille et l’invite à participer à une cérémonie de femmes. Cette « intégration » est pour lui une révélation. Mais Patrick ne sait pas que l’attend, plus qu’une troisième initiation, une véritable épreuve. Entrainé en pleine nuit par plusieurs hommes qui lui promettent la mort, il est acculé, dans une hutte, sur une forme géométrique dessinée à même le sol. Ses ravisseurs sortent des couteaux, dansent et chantent. La cérémonie durera plus d’une heure et prendra fin lorsque l’initié, suffisamment proche d’une fenêtre de fortune, pourra s’enfuir. « Ils ne m’ont pas couru après et ils ont bien vus que je me rapprochais de l’ouverture. J’ai compris a posteriori qu’ils n’allaient pas me tuer et qu’il s’agissait d’une initiation à la grande peur, celle de la mort. Il était question de ma capacité à transgresser, à dissoudre ma frayeur. »

Des rituels, il y en aura d’autres, plus ou moins agréables…  Le passage dans cette vie chamanique, souvent, ne se fait pas sans douleur. Une fois rentré en France, Patrick vivra quelques années plus tard l’ultime épreuve, celle imposée par la vie quand on ne suit pas le bon chemin. Un être humain né pour être chamane doit devenir chamane. Si l’on est sourd à son destin, la vie, pour être entendue, se charge de frapper fort.

Chemin initiatique : quand la vie s’en mêle

Même s’il est un être spirituel, Patrick choisit une route professionnelle bien plus matérielle. Commercial dans le prêt-à-porter haut de gamme, il crée, avec quelques amis, un magasin qui récupère les fins de séries des vêtements d’enfants d’une grande griffe, afin de les revendre à prix plus abordables. Le concept cartonne, les magasins se multiplient. Les fins de série ne suffisent plus, alors ils font fabriquer. L’enseigne devient une multinationale et une référence dans le monde du prêt-à-porter pour enfant : si je vous dis JACADI ! Patrick est milliardaire. A lui, les hôtels particuliers, les résidences secondaires et les voitures de luxe.

Durant 18 ans Patrick Dacquay travaille dans le monde des affaires, du commerce et du luxe. Et il adore ça. Seulement, dit-il aujourd’hui « ce n’était pas mon destin ». Et quand on voit aujourd’hui l’ampleur du Festival International du Chamanisme, la vocation essentielle du Cercle de sagesse des traditions ancestrales, on se dit qu’en effet il y a des destins qui doivent être vécus, des missions accomplies, des défis relevés, pour le bien de tous et du grand TOUT. Non, ce n’est pas son destin et la vie se charge alors de le lui dire… à sa façon. Elle lui prend tout… ou presque.

Commencent alors quatre années infernales. Il revend ses parts. Il aurait pu décider de vivre sur ses rentes et de mettre à l’abri ses enfants mais il s’ennuie. « J’ai voulu jouer à l’homme d’affaires en rachetant une chaîne de magasins d’ameublement. Je n’y connaissais rien et rapidement j’ai déposé le bilan, me ruinant dans le même temps. J’ai tout perdu. On m’a tout retiré durant quatre ans. Je sais maintenant que j’étais en train de tout gagner mais à l’époque, je ne le savais pas. Si on ne m’avait pas accueilli, j’aurais dormi dehors. La vie m’a tout repris, même la vie d’un enfant. »

Ce fut la grande initiation, celle du dépouillement.

Mais il faut bien continuer de vivre, manger, se loger, s’occuper des enfants. Son atout : un très luxueux carnet d’adresse. Alors, il a l’idée de racheter les fins de séries de boutiques de tissus, de dessiner lui-même des robes pour des femmes fortunées, de les faire confectionner et de les vendre en direct. L’idée fonctionne tellement bien que le porte-à porte cède sa place à une boutique, puis deux… puis dix. Il redémarre. L’aventure durera trois ans mais Patrick s’essouffle et aspire, enfin, à autre chose. 

En effet, parallèlement et pourrait-on penser, paradoxalement, durant toutes les années qui viennent de s’écouler, l’homme, en plus de sa vie professionnelle et de ses engagements initiatiques traditionnels, étudient aussi de nombreux savoirs spirituels et humains. Ainsi s’intéresse-t-il à l’intégration posturale, aux théories de Wilhelm Reich, au cri primal de Janov, aux archétypes et rêves éveillés de Jung…  Puis il découvre Stanislav Grof, psychiatre et chef de file des études sur les états modifiés de conscience, et se plonge à cœur perdu dans les mémoires antérieures durant deux ans et demi. Dans son arrière boutique de la rue Victor Hugo, Patrick commence à recevoir chaque fin d’après-midi, les personnes qui souhaitaient revivre, elles aussi, leurs vies passées. « Je commençais à m’éparpiller et mes magasins en pâtissaient. Malgré tout je m’accrochais car je n’imaginais pas que mon destin était de devenir celui que je suis aujourd’hui. Mais là-haut, ils avaient décidé que je devais m’investir entièrement dans cet engagement spirituel. »

Une étrange et décisive visite

Il dépose le bilan une nouvelle fois et part vivre dans un domaine, acheté peu de temps avant, dans la forêt d’Ecouves. C’est là, coupé du monde, qu’un matin à l’aube, il reçoit une étrange visite. « Il était 6H du matin, la tempête faisait rage, quand un homme a frappé à ma porte. Il m’a dit qu’il avait reçu un message, celui de venir à ma rencontre. Il m’a alors transmis mon premier pouvoir puis j’ai reçu par la suite toutes mes initiations chamaniques. »

C’est à cet homme, chamane, qu’on doit le véritable basculement du destin de Patrick Dacquay qui embrassera et incarnera alors entièrement, absolument, passionnément, sa propre existence d’homme médecine.

Ce récit surprenant, pour vous montrer aussi que la vie est à la fois une trame et un maillage et que tout fait sens, les choses heureuses comme les événements malheureux. Ce maillage, sous tendu par une vision spirituelle de la vie, aura mené Patrick Dacquay dans cette formidable existence qu’est la sienne, liée aujourd’hui à celle de Line son épouse, tournée vers les autres, la protection des traditions ancestrales, de la nature, de la terre, du Grand TOUT.

Quel destin ! Merci cher Soof-Ta d’avoir bien voulu le partager avec moi et mes lecteurs. Que le festival du chamanisme et le cercle de sagesse des traditions ancestrales nous survivent.

Amour et gratitude…

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Patrick et Line

Site Web: www.patrickdacquay.com

A lire:
« Les 21 règles de vie de l’enchanteur », « Paroles d’un grand-père chaman »– éditions Véga
« Renaissance du chamanisme occidental » – éditions Lanore
« Le chaman blanc » – éditions Alphée

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