Mon voyage chamanique: comment j’ai guéri une mémoire

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Le chamanisme m’attirait depuis longtemps. Lors de mon séjour au Pérou, j’aurais souhaité vivre un voyage chamanique. Cela ne s’est pas présenté et c’était mieux ainsi sûrement. Voyageant seule, malade, j’aurais sûrement mal vécu un nouveau périple (intérieur celui-ci), à base d’Ayahuasca. J’ai guéri des choses… différemment, dans une douleur plus consciente. Au niveau chamanisme cependant, je restais sur ma faim…

Mais la patience est mère des vertus puisque tout à fait (pas) par hasard, c’est l’interview d’une artiste pour un magazine, qui devait m’emmener là où je rêvais d’aller. Une amie commune m’avait déjà avertie qu’elle participait une fois par mois à un cercle de méditation chamanique. Vous imaginez ma curiosité et mon engouement ! L’interview terminée, je profitai d’un bon feeling, pour l’emmener sur mon domaine de prédilection : la spiritualité et, par la-même, le voyage chamanique. A ce moment là, Christine aura l’intelligence de ne pas trop m’en dire. Juste assez pour me donner envie d’essayer.

Quelques jours seulement après notre rencontre, elle me propose de l’accompagner à L’aTIPIque, à Saint-Laurent sur Saône, au prochain cercle de méditation, dont le thème « Faire mourir l’ancien et renaître au nouveau » finit de me convaincre tout à fait. Il faut ajouter à cela que le tarif est libre et que cette donnée avait quelque chose de franchement rassurant.

Arrivées là-bas, je fais connaissance avec les membres du groupe et quelques habitués. Le premier contact a lieu dans la boutique Min’EROS. Ici, sont présentés pêle-mêle, pierres en cristal de sel, Fleurs de Bach, bijoux aux vertus guérisseuses, ouvrages divers sur la spiritualité, la lithothérapie, le pouvoir des aimants… Le ton est donné! J’ai hâte de découvrir à quoi peut bien ressembler un chaman…

La séance se passe au deuxième étage. Déjà, on s’élève un peu… Nous sommes une quinzaine à nous installer dans une petite pièce pleine de coussins et de fauteuils. Aux murs et au plafond sont suspendus des attrape-rêves. On devine la médecine amérindienne de Grand Ours. Ici et là des tableaux, des dessins, une sculpture, offerts par les participants, comme un remerciement, sûrement,  à quelques guérisons d’âme. Une grosse fontaine en pierre symbolisant le yin et le yang trône au milieu de la pièce. Le décor est planté. Grand Ours, le chaman, est assis sur un coussin et converse avec certains habitués. Un homme normal en apparence, grand, sans costume. Pas de folklore ce soir mais une aura certaine flotte autour de lui et l’éloquence est là aussi. Avant de commencer le voyage, Grand Ours prend soin de nous expliquer  en quoi consiste ce cercle de méditation et la différence fondamentale qui existe entre le mental et l’âme. Il nous parle du mental, cet esclave qui se prend pour le maître et de l’importance de la méditation pour le faire taire afin de laisser, enfin, parler le véritable maître, celui qui a toujours raison, qui nous met sur le bon chemin : l’âme. Ce chaman des temps modernes use de métaphores, de jeux de mots et du langage de tout un chacun afin d’être compris de tous. L’écouter est déjà une sinécure. Puis vient le moment de la méditation…

Nous buvons un élixir (pas question ici d’Ayahuasca ni d’aucun autre psychotrope je vous rassure) pour nous aider à entrer en contact avec l’esprit du Phoenix, chargé de nous faire mourir puis renaître (symboliquement bien entendu 😉 ). Les battements du tambour commencent à retentir, rythmés par l’esprit présent parmi nous, s’exprimant à travers le bras du chaman.

Trois possibilités s’ouvrent à nous explique Grand Ours. Soit, un voyage chamanique (sorte de rêve éveillé), soit pas d’images mais des sensations physiques, soit rien du tout. Le chaman nous rassure sur cette dernière éventualité.  S’il ne se passe rien, surtout ne pas culpabiliser, le mental fait simplement barrage afin d’empêcher l’âme de s’exprimer. Ca ne veut pas dire, que rien ne se sera passé en profondeur. Pour ma part, j’ai toujours eu beaucoup de mal à faire taire mon mental et ai échoué trois fois aux tests de l’hypnose. De ce fait, je ne m’attends pas à vivre grand-chose.

Et pourtant je ferai deux voyages extraordinaires…

Voyage chamanique n°1: danse avec un arbre

Le premier démarre en Afrique. Je danse au pied d’un arbre qui se met à vibrer au rythme du tambour chamanique. Les branches m’attrapent et je danse avec elles. Puis une porte s’ouvre dans le tronc, découvrant un escalier qui s’enfonce dans les entrailles de la terre. Le lieu où j’arrive est baigné d’une lumière émanant de centaines de lingots d’or empilés. Je suis émerveillée mais une partie de moi me souffle que ce ne peut être si lumineux, si beau, si bon de descendre ainsi aux racines. C’est alors que sort de la pénombre, une gigantesque araignée (dont j’ai une peur phobique). Là, étrangement je ne suis pas si effrayée et m’aventure même à l’affronter, elle qui fait 10 fois ma taille ! Je plante un couteau à plusieurs reprises dans ses yeux et ses mandibules. Elle s’effondre, meurt et devient poussière. Alors qu’il ne reste plus rien d’elle, le tambour s’arrête. Je suis stupéfaite que la fin de mon histoire coïncide avec la fin des battements. Le chaman m’explique que ce n’est pas lui qui mène la danse et que la séance se termine quand elle doit se terminer, qu’il ne décide pas mais que souvent, cela est juste pour tous.

Nous échangeons chacun notre tour sur ce que nous avons vécu. C’est intéressant d’écouter les autres voyages. Une nouvelle manière d’apprendre un peu plus encore.

Voyage chamanique n°2 : première guérison

Pour ce deuxième voyage, je fais une demande précise à l’esprit du Phoenix. A l’époque, je souhaitais voir « mourir » les angoisses irrationnelles que j’entretenais à l’égard de ma fille de 15 mois et qui me gâchaient la vie et surtout mes nuits et mes matins au réveil. A la place, je commandais davantage de sérénité, de confiance en la vie, de nuits paisibles et des réveils Ricoré.

Et nous voilà repartis… Mon corps vibre à nouveau au son du tambour. L’écran est noir. Et puis soudain, je vois et je suis en même temps une belle louve grise. Je, (elle), trotte dans la neige, à travers une forêt sombre,  jusqu’à ce que la balle d’un chasseur vienne se nicher dans mon (son) flanc. C’est là que j’apparais, version humaine, vêtue et coiffée à la manière d’une Inuit, nattes, bottes fourrées, manteau de fourrure resserré à la taille. Je m’agenouille près de la louve et la caresse. Je sais qu’elle va mourir. La tristesse que je ressens est alors si profonde que le chagrin m’envahit véritablement et que je ne peux retenir mes larmes. « Evite le maquillage et apporte des mouchoirs » m’avait conseillé Christine. Je comprends mieux pourquoi. Les larmes coulent et je laisse aller les sanglots. J’accompagne ma louve dans sa mort certaine. Après son dernier souffle, je me relève et reprends ma route. La neige et la forêt font bientôt place à une prairie verte et très fleurie. J’enlève bottes et manteau, marche pieds nus dans l’herbe fraîche. Je souris et me sens légère, heureuse. Au milieu de la prairie, j’aperçois ma fille. Elle court vers moi en riant et nous entamons alors une ronde joyeuse. Nous tournons, tournons et dans ce tourbillon de bonheur, je vois mon bébé devenir une enfant, une jeune fille puis une belle jeune femme. Parallèlement je me vois vieillir et puis périr mais en paix, le bonheur chevillé au cœur. De poussière, je deviens soleil et j’irradie ma fille d’une belle énergie d’amour. Je la vois devenir mère. D’en haut, je veille sur elle et sa fille. Je sens qu’un sourire franc s’est dessiné  à l’extérieur, sur mon visage, entre les larmes séchées.

Le chaman nous demande alors de terminer notre histoire et d’essayer de devenir nous-mêmes Phoenix. Pas simple mais j’y arrive finalement. Nous terminons avec quelques minutes sans tambour, derniers  instants de silence, de vide. Une douleur dans le dos commence à se faire sentir. Le corps reprend progressivement le dessus sur l’âme.

Au réveil, nous échangeons une nouvelle fois. Grand Ours me félicite d’avoir réussi à lâcher les vannes. Je raconte mon histoire qui prend tout son sens quand on connait ma requête. J’ai réussi ! Quelque chose est mort en moi pour laisser naître le renouveau.  Les changements sont censés se matérialiser au bout de quelques jours, semaines ou mois.

Les jours qui suivent, je ne m’attends à rien. Je continue de vivre comme si rien ne s’était passé. Et puis, un jour, au bout de 3 semaines, une prise de conscience, une évidence : moins de réveils nocturnes, plus d’insomnie et cette boule dans la poitrine au réveil, disparue !

Quelques mois plus tard, je retournerai voir Grand Ours pour une séance « privée ». J’avais encore d’autres démons à chasser…  A la clé : un merveilleux voyage, une nouvelle guérison, la rencontre de mon animal totem.

Du fond du cœur, merci Grand Ours !

Pour plus d’infos : interview du chaman Grand Ours.

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