Sur nos différents chemins de guérison, à travers certains soins, quelques-unes de mes amies et moi-même, nous sommes à plusieurs reprises entendues dire qu’il nous fallait nous « reconnecter avec notre féminin sacré »… Oui, oui, oui… mais encore ? Le féminin on sait ce que c’est approximativement mais le féminin sacré qu’est-ce que c’est exactement ? Au fil de mes discussions, je me suis aperçue que la question était particulièrement nébuleuse pour bon nombre d’entre nous. Alors, j’ai décidé d’éclairer ma lanterne, c’est chose faite et aujourd’hui, je vais tenter d’éclairer un peu la vôtre.
Le féminin sacré qu’est-ce que c’est ?
La plus belle définition que j’ai pu lire du féminin sacré et qui me « parle » est celle de Louisane Venne-Landry* : « C’est la coupe qui se remplit et qui se déverse sur les autres. Elle est pleine d’accueil et d’écoute. C’est une polarité d’action mais pas dans le mouvement. Elle fait « rayonner » dans la douceur. » Se reconnecter avec son féminin sacré, reviendrait donc tout simplement (même si ce n’est pas toujours simple, nous le verrons…) à accepter, vivre, expérimenter la douceur dont est capable la femme, l’accueil et l’écoute de l’autre, le fait de prendre soin, l’acceptation de l’imperfection et le don de soi… l’Amour en somme… L’Amour inconditionnel.
Mais cette dimension aussi belle soit-elle et que l’on retrouve notamment dans la maternité serait incomplète sans toutes les autres dimensions qui composent la femme sacrée. Ainsi, pour Sylvie Lüna Bérubé*, « La femme animale, la femme sensuelle, la femme sexuelle, la femme guérisseuse, la femme chamane, la femme prêtresse, la femme initiatrice, la femme déesse existent toutes, mais les femmes ne sauraient pas exprimer toutes ces dimensions dans notre société. » Pour cette thérapeute psychocorporelle, dans le féminin sacré, coexistent la dimension spirituelle du féminin et la sexualité, deux dimensions que les femmes ont généralement beaucoup de mal à vivre.
Il serait donc temps de redonner la dimension sacrée qui revient à la sexualité. Cela permettrait à beaucoup de femmes de la vivre en se connaissant mieux, en lâchant-prise, sans culpabilité, sans freins, pleinement, consciemment, dans le respect de soi, de ses désirs, de ses envies, de son corps, de l’autre, sans obéir à des codes jusqu’ici très… masculins…
Cette dimension sexuelle est d’autant plus primordiale quand on sait que l’énergie sexuelle est une énergie créatrice. « Les femmes ça crée » déclare Sylvie Lüna Bérubé. J’ai beaucoup aimé ce jeu de mots très évocateur. Si le corps de la femme est une matrice qui peut donner la vie, son âme l’est tout autant, capable d’engendrer de nombreuses créations… littéraires, artistiques, idéologiques… Mais là aussi, malheureusement, beaucoup ignorent cette merveilleuse aptitude naturelle car elles n’entendent pas l’appel du féminin sacré, c’est-à-dire l’appel de leur intuition, de leur âme. D’autres ressentent confusément l’appel mais ne savent pas de quelle manière créer, s’en sentent même parfois incapables.
Vivre son féminin sacré, pourquoi n’est-ce pas si simple ?
De tout ce que je viens de décrire sur le féminin sacré, nous remarquerons facilement que le plus sacré du féminin exprimé et accepté aujourd’hui par notre société et par les femmes elles-mêmes, est la maternité. Nous pouvons, sans crainte d’être jugées, parler de douceur, d’écoute, d’acceptation, de soin à l’autre, d’amour inconditionnel et de don de soi, lorsque nous évoquons nos rôles de mères. Cette dimension capable d’amour et d’accueil est bien plus valorisée que les autres aspects de la féminité.
Mais, en dehors de la maternité (et encore…) pourquoi le fait de se reconnecter avec ce féminin sacré est si difficile ?
Pour deux raisons. Tout d’abord, quand il est question d’accueillir, d’écouter, d’accepter l’imperfection et de donner de l’Amour inconditionnel, il faut savoir qu’il est entendu aux autres (ce qui n’est pas déjà pas facile) mais aussi et avant tout à soi-même (et là ça se corse).
Oui, avant toutes choses mesdames, mesdemoiselles, il nous faut apprendre à lâcher-prise, à nous accueillir toutes imparfaites que nous nous pensons mais au fond divinement parfaites que nous sommes. Il nous faut apprendre à nous écouter, écouter notre corps et notre âme et donc faire confiance à cette petite voix qui nous murmure des évidences et que nous appelons intuition. Il nous faut avant tout nous donner… du temps, de la bienveillance, du soin, de l’attention et de l’AMOUR…
Eh oui c’est difficile et cela ne devrait pas l’être. Nous sommes si dures avec nous-mêmes…
Ensuite et c’est notamment la raison pour laquelle nous nous sommes déconnectées de notre féminin sacré, nous avons été élevées dans un principe masculin qui ne reconnait pas la pleine valeur du principe féminin. Je suis bien sûre que bon nombre d’entre vous ont eu des mères qui ne magnifiaient pas pleinement leur féminité. A peine parfois la reconnaissaient-elles…
Enfin, la société dans laquelle nous vivons, nous invite à étouffer notre féminité. Il nous faut ne pas être trop « douces » pour prendre notre place sans nous faire écraser et nous imposer dans un monde professionnel parfois très masculin. On nous invite à reprendre le travail très vite après avoir accouché, ne pas trop parler de nos enfants et de nos soucis de maman. On nous apprend à aller vite, vite, toujours plus vite, à être dans l’action, le mouvement, à bouger (même pendant nos règles, même pendant notre grossesse, quitte à travailler jusqu’à notre terme, histoire de ne pas du tout profiter de cette belle période de gestation telle qu’elle devrait être vécue). On nous apprend à travailler dur, beaucoup, à nous réaliser, à entreprendre… Tout ce qui appartient finalement à la sphère masculine : l’action !
Justement, le masculin sacré parlons-en !
Et le masculin sacré dans tout ça ?
Le masculin sacré est profondément lié au féminin sacré car il est au service de celui-ci. Attention, cela ne revient pas à dire que l’homme est au service de la femme. Nous verrons que nous sommes (hommes et femmes) porteurs de ces deux polarités qui sont indissociables. Le masculin sacré est guidé par le féminin sacré, par l’âme, l’inspiration, la création. Il est quant à lui une dimension qui permet de mettre en action dans le monde extérieur. Le masculin existe pour agir, aller de l’avant, exécuter, prendre des risques, se battre au service du féminin sacré. Il est là pour protéger, mettre en lumière et faire rayonner le féminin sacré…
Quand les femmes qui ont été dépolarisées, se seront reconnectées, nous pourrons aider les hommes à reprendre leur rôle de protecteur, de gardien de la matrice. En observant les hommes qui sont autour de moi, il est intéressant d’observer que ceux qui ont intégré cette dimension et qui vivent parfaitement leur masculin sacré, sont également ceux qui ont accepté leur polarité féminine. Ils vivent alors en harmonie, intérieurement et extérieurement, cette double polarité qui fait d’eux des hommes « complets » et finalement… des « mecs bien ».
Se reconnecter avec son féminin sacré
Nous les femmes avons donc également besoin de cette dimension masculine mais, là où le bât blesse, c’est que nous avons eu tendance à la sur-développer au détriment de la dimension féminine, ce qui a fini par créer en nous un déséquilibre. Nous sommes nombreuses à avoir parfaitement intégrer notre polarité masculine pour nous réaliser socialement, professionnellement, matériellement, pour exister tout simplement, faisant de nous des amazones (un sein en plus) mais en oubliant parfois la madone, la déesse, la guérisseuse, l’intuitive, l’inspirée, la créatrice, l’artiste qui vivent en nous…
Quand on nous demande de nous reconnecter avec notre féminin sacré, voilà ce qu’on nous demande de faire : reprendre rendez-vous avec toutes ces grandes figures féminines en nous que nous avons oubliées, négligées, sacrifiées et qui ne demandent qu’à vivre et s’exprimer.
Comment faire ? Je n’ai pas trouvé la formule magique à travers mes lectures mais peut-être quelques clés que je vous livre ici, pas forcément dans l’ordre mais comme elles me viennent avec la force de l’évidence.
- Essayer de reconnaître quand son féminin sacré s’exprime :
- quand vous êtes dans la douceur, l’accueil, l’écoute et l’attention à l’autre qu’il s’agisse de votre enfant, de votre amie, d’un parent, d’un patient…
- quand vous avez envie de créer, d’inventer, d’imaginer
- quand vous dessinez, écrivez, sculptez, chantez, dansez, jouez, créez
- quand vous ressentez une impulsion créative, une fulgurance intuitive, une évidence
- quand enceinte, vous prenez le temps de ressentir cette vie en vous…
- Se reconnecter avec ses cycles. Apprendre à connaitre son féminin sacré, c’est d’abord comprendre comment fonctionne une femme, admettre qu’elle est tour à tout dans un même mois Sorcière, Vierge, Mère et Enchanteresse (cf article sur ?? / A lire : « Lune Rouge » de Miranda Gray)
Lorsqu’on sait ça, on se comprend et on s’accepte bien mieux…
- Comme nous sommes reliées à l’énergie de la Lune, portez votre attention sur cette belle, puissante et inconstante puissance féminine. Vous remarquerez peut-être (ou cela se mettra-t-il en place tout doucement) que vos cycles correspondent à ceux de la Lune (ovulation à la Pleine Lune et menstruations à la Nouvelle Lune ou l’inverse).
- Reconnectez vous avec votre intuition grâce à la méditation (la méditation calme le mental et permet de laisser la place à l’intuition)
- Apprenez à mieux vous connaître à l’aide d’outils de connaissance de soi tels que la numérologie et découvrez ainsi vos talents, vos aptitudes créatives, vos dons sacrés et mettez à profit pour vous et les autres vos pleins pouvoirs, votre plein potentiel.
- Lisez des ouvrages qui parlent de féminin sacré (« Femmes qui courent avec les loups » par exemple).
- Participez à des cercles de femmes ou simplement passez du temps avec vos meilleures amies et échangez sur des sujets de femmes. Mieux ! Faites les deux !
- Osez retrouver le sens et la puissance des rituels, seule ou à plusieurs. Osez ouvrir un espace sacré pour vous reconnecter à vous-même et à votre essence divine, chez vous ou dans la nature.
- Et puis, surtout… Laissez-vous du temps. Acceptez d’être là où vous en êtes. Avancez à votre rythme (nous revenons de loin !), n’essayez pas d’être dans le résultat mais plutôt dans le ressenti.
Transmettre le féminin sacré
Une fois que l’on a compris l’importance de bien vivre notre féminin sacré, il me semble évidemment essentiel d’élever nos filles dans ce respect et cet amour de leur féminité. Louisane Venne-Landry raconte une anecdote que je vous livre car il me semble qu’elle devrait toutes nous inspirer. « Moi, je suis bénie. J’ai été élevée par une femme qui adorait être une femme. Par exemple, lorsque j’ai eu mes premières règles, elle m’a offert une douzaine de roses et m’a gentiment souhaité la bienvenue dans le monde des femmes, un monde merveilleux rempli d’amitié, d’amour et de soutien. » Ca change de la gifle qui était de rigueur encore dans les années 60 et l’absence d’explication sur la nature de nos cycles. Nous devrions toutes expliquer à nos enfants qu’ils ont besoin des deux polarités féminine et masculine. La première pour être en présence à soi et aux autres, écouter les autres mais aussi soi-même et son intuition, donner, aimer, créer et la deuxième pour être dans l’action : parler, faire exister son projet dans le monde extérieur, protéger, prendre des risques…
Cela reviendrait à leur expliquer tous les pouvoirs qui sont en eux. Une fois en contact avec leur féminin et leur masculin sacrés, ils pourraient alors avancer sans peurs, en toute sérénité et en maîtrisant leur existence.
Louisane Venne-Landry*, thérapeute, animatrice radio et créatrice de l’école de kinésiologie holistique « Quintessence Santé »
Sylvie Lüna Bérubé*, thérapeute psychocorporelle, créatrice de l’Ecole internationale du féminin sacré, conférencière, formatrice…
Source : « Sacrés ! Le féminin et le masculin vus autrement » de Josée Durocher – éditions Le Dauphin Blanc